Bataille dans le ciel, soit. On est pour, on y va ! Mais quelle bataille (sinon quel Bataille, Georges) ? Et quel ciel ? Certainement pas le paradis promis par l'abusive traduction anglaise du titre, Battle in Heaven.
Une mystique est là, pourtant. Comme dans un bordel, le film est à plusieurs chambres, chacune a sa spécificité sexuée, son plaisir et son malheur, mais aucune n'ouvre ses fenêtres sur une quelconque échappée. Un film bouché, ce serait rien de le dire. Au sens météorologique : horizon fermé, par-delà le bien et le mal, car il faudrait être fou ou moraliste pour accuser la pluie de mouiller. Mais un film lyrique aussi, qui vous emporte, comme par grand vent et torrent de sensations.
Avis de forte tempête dès la scène d'ouverture, qui, suivant la tradition cannoise du cri et hurlement en défaveur de Sade, a fait couiner la frange cul-serré du public. Ceci, qui ouvre le film, est bel et bien une pipe. Son filmage pose des questions qui vont au-delà de la pornographie, ne serait-ce que parce que la caméra hésite, tourne autour du poteau rose, retourne, lentement, patiemment, sans provocation manifeste. Mais surtout parce que cette pipe nous appartient à chacun, tous les hommes et les femmes, y compris les réputés «moches», comme ce Marcos (Marcos Hernandez), sumo de Mexico, chauffeur de maître, trimbalant la fille de son patron, Ana, «belle de jour», qu'il emmène chaque après-midi à la «boutique» (une maison close).
Baleine et cachalot. La jolie Ana (Anapola Mushkadiz