Un couple de bourgeois parisien. Georges (Daniel Auteuil) est le présentateur d'une émission littéraire sur une chaîne publique. Sa femme travaille dans une maison d'édition. Ils ont un fils de 12 ans. Leur pavillon coquet est jouxté par des immeubles de moindre standing. Quelqu'un, depuis peu, filme leur façade et leur envoie la cassette. Le couple à l'existence sans histoires, protégé des agressions du monde par les filtres de l'argent, de la culture et d'un cercle d'amis sociologiquement homogène, se retrouve soudain déstabilisé par cette «chose» extérieure qui est la banalité même : les passants d'une petite rue, l'arbre devant la porte, les murs blancs et eux derrière, cachés.
Qui filme ? C'est une bonne question, et en même temps, le contrechamp de ce que l'on voit dans ces cassettes n'est jamais examiné par les protagonistes de ce qui ressemble à une mauvaise blague, une sinistre mise en scène. Comme c'est un plan fixe, il serait aisé de localiser le lieu d'où la caméra enregistre. Mais personne ne semble s'y intéresser. Plus tard, une autre caméra, placée dans un appartement de banlieue, captant une scène décisive, occupera elle aussi un angle mort, physiquement (caméra invisible) et mentalement (à la limite, personne ne filme).
Indices. Ce n'est pas seulement la caméra, et le filmeur, qui sont cachés, c'est l'acte de filmer lui-même qui se dérobe à l'oeil et au sens. Comme dans ces cas de mutilation de la conscience qu'examine dans ses livres Oliver Sacks, avec ces ge