La moustache, c'est pour les besoins d'Alatriste, film inspiré de romans d'Arturo Perez Reverte qu'il tourne actuellement en Espagne sous la direction d'Agustin Diaz Yanes. D'ailleurs, à le voir là, l'air las dans son épais costume anthracite à fines rayures, on se dit que Viggo Mortensen plaquerait volontiers la Croisette pour retourner à cette affaire courante. Il acquiesce : «Les festivals, ce n'est pas mon truc. Mais pour David Cronenberg, je serais prêt à aller jusqu'au bout du monde...»
Viggo Mortensen-David Cronenberg : l'association peut sembler insolite. Après tout, l'acteur en activité depuis vingt-deux ans est connu du grand public pour son interprétation d'Aragorn, le roi humaniste et romantique du Seigneur des anneaux. Un mégacarton au box-office (le quart de la population mondiale a vu la trilogie qui adapte la saga de Tolkien), aux antipodes de la réussite auteuriste du réalisateur canadien. «Je suis un admirateur de Cronenberg depuis longtemps, rétorque le grand type au cheveu en bataille, et, si j'ai fait des films commerciaux, j'en compte aussi d'autres plus personnels...» Absolument. Ça n'est d'ailleurs pas pour les oubliables Daylight, Massacre à la tronçonneuse III et autre Meurtre parfait qu'on fantasmait depuis longtemps à l'idée de le rencontrer.
Sensualité sulfureuse. Plutôt pour Indian Runner de Sean Penn (1991), où il joue un vétéran de la guerre du Vietnam qui revient au pays tendu comme une arbalète, aussi imprévisible, fascinant et inquiétant que