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Libération
Critique

Livide «Room».

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publié le 17 mai 2005 à 2h13

Après une intense activité de militant de gauche dans le sillon de Michael Moore avec un documentaire sur la privatisation d'une université (University Inc., en 1999), Kyle Henry, par ailleurs lauréat en 2004 d'une bourse de la fondation Rockefeller en sa qualité d'artiste multimédia, est parvenu à rassembler les fonds pour son premier long-métrage tourné en caméra vidéo. Se déclarant inspiré par les photos de Nan Goldin, les écrits de Carl Jung, la musique de Steve Reich et les films de Nicolas Roeg (n'en jetez plus !), Henry livre un film bref et stressant sur les traces d'une femme au bout du rouleau qui abandonne mari et enfants pour divaguer comme une folle dans les rues de New York. Le film est particulièrement fort dans sa première partie, ne lâchant pas l'actrice Cindy Williams, le corps lourd, les poches sous les yeux, esquintée par une vie de merde et des boulots mal payés. Elle a des visions qui la jettent dans le coma. Elle perd la raison.

Malheureusement, Room ne tient pas tout à fait ses promesses parce que la téléportation à New York, ainsi que la multiplication des effets sonores et visuels, finissent par accuser une tendance au forcing du cinéaste qui tente de faire passer le spectateur dans la doublure du réel. Mais on voit bien que ce qu'il réussissait le mieux, la représentation du borderline, ne convainc plus dès lors qu'il faut, avec des moyens rudimentaires, rendre vraisemblable le fantastique des situations, la folie invasive. Room n'en demeure pas moi