Premier film très américain d'un cinéaste de nationalité britannique, The King est un drôle d'objet séduisant et vénéneux. Il raconte la fascinante histoire de Levis, jeune homme tout juste démobilisé après trois ans passés dans la Navy, qui se met en quête d'un père dont il ne sait rien, sinon l'adresse : Corpus Christi, Texas. Sa mère, mexicaine, est morte. Son père, qu'il n'a pas connu, est un Blanc chrétien fondamentaliste, pasteur réputé de la bourgade au nom prédestiné.
Inceste. Ce père s'est fabriqué une nouvelle vie exemplaire: une femme, un fils et une fille, la ravissante Malerie (louanges unanimes pour les acteurs, Pell James et William Hurt en tête). Cette cellule qui cherche d'abord à l'exclure, Levis va l'infiltrer patiemment, en commençant par débaucher Malerie sans lui révéler ses origines : leur inceste qui s'ignore, torride, donnera au film quelques-unes de ses plus fortes scènes.
Pas les seules : d'une cruauté primitive et biblique, The King surprend constamment par sa façon d'imposer la fatalité du crime au moment où l'on s'y attend le moins. A cet égard, il n'est pas sans rapport avec le Cronenberg du jour, A History of Violence (lire page 29), dont beaucoup d'éléments du scénario pourraient l'avoir inspiré : étude de l'Amérique et de sa violence ontologique, ici éclairée sous les feux de la religion, ses hypocrisies et ses intolérances, The King a la saveur d'une tragédie antique au pays des puits de pétrole et des livreurs de pizza.
Détachement. Un parfum