Après le Fils, l'Enfant. Ce qui pourrait passer pour une suite logique. Lorsque ce (tout petit) enfant paraît, le film nous a déjà présenté Sonia et Bruno, ses très jeunes parents, qui survivent dans la grande précarité. Mais cet enfant arrive de plus loin encore.
Il est né à nos yeux en 1996 à Cannes, avec la Promesse, électrochoc, suivi, piqûre de rappel, par Rosetta, palme d'or en 1999. Ce qui ne veut pas dire que l'on soit vacciné, et les Dardenne moins enragés. Bien au contraire, les frères sont des cinéastes vrais de vrais, puisque, une fois de plus, ils contrarient leur savoir-faire quand il menace de dégénérer en un académisme maison, et surtout inquiètent leur propre morale.
Vie flouée. Ecce homo. Voilà Bruno (Jérémie Renier, d'ores et déjà notre prix d'interprétation masculine), trafiquant dans une économie d'expédients, petite délinquance qui se démène entre vols de lecteurs de CD et autres conneries modernes, tout ce fatras parfaitement accessoire dont le capitalisme rugit qu'il faut pourtant en croquer sous peine d'être relégué encore plus loin dans le terrain vague. C'est bien pire que de l'aliénation, c'est de l'esclavage désiré. Ainsi du téléphone portable, dont il est montré qu'il est à la fois la suprême insulte faite aux pauvres mais aussi un vade-mecum qui les relie moins au merveilleux monde de la communication qu'au réel de leur vie flouée.
Voilà Sonia (Déborah François, d'ores et déjà notre prix d'interprétation féminine), petite madone d