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Libération
Interview

«Je déteste faire des projets»

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publié le 19 mai 2005 à 2h14

«Jamais un film ne m'avait pris si peu de temps : un an en tout et pour tout. Comme je suis propriétaire de mes films et que je suis aux manettes de A à Z, du scénario à la licence d'exploitation, le processus me mobilise généralement au minimum deux ans.

Je dédie Broken Flowers à Jean Eustache par admiration pour l'homme et le cinéaste qu'il était. Il faisait ses films exactement comme il l'entendait, sans aucune considération commerciale. Dans la maison où j'écris, dans les montagnes, j'ai une photo de lui au-dessus de mon bureau.

J'avais un projet quasi bouclé avec Bill Murray quand soudain je n'ai plus eu envie de le réaliser. Je me suis alors attelé au scénario de Broken Flowers, qui m'a pris deux semaines.

J'ai rencontré Bill il y a une douzaine d'années, dans la rue. Je marchais dans New York quand soudain un type m'a arrêté : «Salut Jim, je suis Bill, tu aurais le temps de prendre un café ?» On a discuté quarante-cinq minutes, je suis revenu chez moi complètement scié par ce qui venait de m'arriver.

A l'époque, il ne savait pas s'il continuerait à faire du cinéma, puis on a fait ensemble un sketch de Coffee and cigarettes, et j'ai eu l'idée d'un long métrage autour de lui. On est proches désormais et bien qu'il soit très pris, entre ses six fils et sa carrière, on se voit régulièrement. Nous avons aussi Johnny Depp pour ami commun.

Bill est l'une des personnes les plus complexes et intelligentes que je connaisse, il a comme un sixième sens pour percevoir immédiatement les