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Libération
Critique

Les laissés pour contes de Géorgie.

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publié le 19 mai 2005 à 2h14

Il est des films qu'on regarde comme des nouvelles du pays d'où ils viennent. Cas typique avec ce Tbilisi-Tbilisi en provenance de Géorgie qui, c'est le moins qu'on puisse dire, ne ressemble pas à une poignée de confettis. Ça va mal sur le marché central de la ville, qui semble résumer tous les malheurs de cette ex-République soviétique passée à chaud du paradis communiste à l'éden capitaliste. Autant dire dans les deux cas un enfer, habité ici par quelques beaux diables. Des mendiants, des vendeurs à la sauvette, des voleurs à la tire et bien d'autres déclassés, comme cet ancien professeur de cinéma au grand coeur reconverti dans la vente de margarine.

Le scénario est un peu ficelle : il met en scène un jeune metteur en scène projetant de mettre en scène cet inframonde dans un film qui, on s'en doutait un brin, ne sera jamais tourné... Car cette mise en abîme ralentit plus le propos et le rythme du film qu'elle ne l'accélère. Avec d'autant plus de maladresse que la partie «portrait du metteur en scène en angoissé» est en couleurs, les fictions censément issues de son imaginaire étant en noir et blanc.

Reste qu'entre ces poteaux patauds slaloment des historiettes au coup par coup plutôt réussies. Ainsi de la triste et édifiante histoire d'une jeune fille muette et de son petit frère fiévreux, sorte de variation à la marge d'Andersen (entre Princesse au petit pois et Petite Fille aux allumettes). Très séduisante aussi, tendance Pasolini sur Tbilissi, la vie expéditive d'un peti