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Libération
Critique

Hou Hsiao-hsien trois étoiles

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publié le 21 mai 2005 à 2h16

Le Festival de Cannes a été pris en étau entre deux grands gestes de filmeur fou, au début Last Days de Gus Van Sant, et en fin de compétition Three Times de Hou Hsiao-hsien. De l'un à l'autre passe une certaine idée du pur cinéma sacrifiant tout sur l'autel de la durée filmée, du plan séquence étiré qui inonde les spectateurs d'un Gange esthétique évanouissant. A la limite, dans ces films, il ne se passe rien d'autre que l'écoulement du temps et le récit reflue au profit d'une investigation plus abstraite : saisir l'essence invisible d'un lieu, d'un moment, d'une lumière, d'un environnement sonore, d'un visage. Hou Hsiao-hsien n'a jamais fait autre chose, mais ce nouveau film prouve à quel point il est toujours plus mangeur de lotus, surfeur mémoriel, planant, défoncé, hypnotique, la conscience somnambule.

Jeunesse magique. Three Times se décompose en trois époques anachronisées : d'abord les sixties, puis l'occupation japonaise de Taïwan en 1911 et enfin la période contemporaine. Chaque partie est titrée : «Le temps des amours», «Le temps de la liberté» et «Le temps de la jeunesse». Elles font signe à trois films du cinéaste, les Garçons de Fengkuei (avec son substrat autobiographique), les Fleurs de Shanghai (le sort des concubines, l'arrière-plan historique) et Millenium Mambo (l'après-libération sexuelle).

Trois fois quoi ? Trois fois rien ? En fait, trois fois l'amour, thème unifiant, l'éternité des sentiments s'incarnant ici dans la permanence du couple le plus glamour