«Je suis vraiment heureux d'être présent à la Quinzaine des réalisateurs, où l'on croit encore au cinéma auquel je crois.
Bien que mon précédent film O Fantasma ait beaucoup divisé, je n'ai pas eu de problèmes de financement. Il y a une grande liberté artistique au Portugal, au moins au cinéma, et j'ai réalisé mes films exactement comme je le souhaitais.
J'ai mis cinq ans à faire ce film, c'est beaucoup trop et très angoissant. Je n'ai pas arrêté de reprendre le scénario pour revenir à la version initiale.
Comme tous mes scénarios, il était ultraprécis et d'emblée complètement découpé. Pour moi, l'écriture et la préparation sont aussi importantes que le tournage. En fait, c'est comme si je tournais le film avant.
Dans O Fantasma, les acteurs étaient non professionnels, là j'ai mélangé. L'actrice du rôle-titre est un mannequin portugais qui travaille aux Etats-Unis. Je l'avais remarquée lors d'une installation artistique. Elle a en elle une tristesse essentielle à son personnage.
Je procède au casting en même temps que j'écris, et les acteurs nourrissent les personnages. Si l'un d'eux fait faux bond, ça remet le film en question.
L'idée première, c'est la possession. L'histoire d'un amour tortueux, dont je me demande encore ce qu'il apporte aux personnages... C'est le chemin de croix de deux personnes qui se croisent.
C'est aussi un film sur le deuil, il n'y a pas de limite pour le deuil : se jeter sur la tombe d'un mort, dormir dessus voire la violer, ça ne me paraît pas surréalist