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Libération

L'enfant phare.

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De la paternité au portable, retour sur les grands thèmes qui se sont dégagés de la 58e édition du festival.
publié le 23 mai 2005 à 2h17
(mis à jour le 23 mai 2005 à 2h17)

On se retourne sur soi-même et l'on voit le long corridor détraqué des souvenirs cannois, son relief absurde qui s'évanouit dans une ligne de fuite à la Dali. Sur ses murs, les peintures emmêlées des films, selon un tri de la mémoire qui n'a aucun respect pour les proportions ni les chronologies. On n'est pas seul dans le long couloir. Descendu en masse de ces tableaux, tout un peuple d'enfants nous tient compagnie : enfanté par les films, le souvenir d'une enfance dans tous ses états constitue un motif central de la fresque composée par les sélections du festival 2005.

Les enfants qu'on vole, qu'on perd et qu'on vend. Ceux qu'on oublie aussi, ou ceux dont on ne connaît même pas l'existence et qui se pointent un beau matin, du haut de leurs vingt balais («Papa !») Les enfants parricides, du coup. Ou fratricides. Ou incestueux. Keane, Alice, The King, l'Enfant, Broken Flowers, Seven Invisible Men, Don't Come Knocking... et la liste des intrications n'est pas close. Ce que l'enfant remet d'abord et fondamentalement en cause, c'est l'adulte. Lorsqu'ils mettent l'enfant en scène, les cinéastes (en principe) adultes soulignent surtout combien leur point de vue est désorienté. Les films de Cannes enregistrent à leur façon ce mouvement par lequel nous nous dépossédons des enfants, ainsi que leur propre mouvement, anthropologique et inévitable, vers une autonomie que nous sommes incapables d'imaginer.

Dans la mesure où, vivant dans une autre dimension, il ne partage pas exactement not