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Libération

Puissance deux.

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Les frères Dardenne, palme d'or pour «l'Enfant» après «Rosetta» en 1999, ont dédié leur prix à Florence Aubenas et Hussein Hanoun al-Saadi.
publié le 23 mai 2005 à 2h17
(mis à jour le 23 mai 2005 à 2h17)

D'abord, évidemment, naturellement, on partage sans retenue aucune le choix du jury, le goût du film, la joie des Dardenne, cette palme d'or à l'Enfant, d'autant moins contestable qu'elle apparaît dans un contexte beaucoup plus apaisé que le climat polémique de Rosetta, leur première palme décernée en 1999 par le jury Cronenberg. Cette fois, on ne voit pas qui trouvera à ronchonner et débattre de ce cinéma du peuple qui ne serait pas populaire : l'Enfant est sans doute le meilleur film des frères belges, une démonstration en acte du véritable héroïsme moderne, les démunis dans la jungle libérale, une parcelle d'Europe pas trop reluisante avec son économie de bouts de ficelle, de système D, de charité sociale et de mafia, mise en scène avec une précision indiscutable. Il y a une sorte d'ironie jubilatoire à voir les Dardenne enfiler ces fameuses palmes à la barbe, par exemple, d'un Haneke, sans avoir cherché à se parer de cette distinction supposée des chefs-d'oeuvre toutes options comprises. De surcroît, on est très particulièrement touchés par l'attention des Dardenne à l'égard de Florence Aubenas et Hussein Hanoun al-Saadi auxquels ils ont dédié leur trophée : merci.

Les Dardenne et Florence Aubenas se sont rencontrés en 1997, au moment de la Promesse. Elle leur avait consacré un portrait de dernière page dans Libé. Depuis, elle a suivi avec attention et émotion tous leurs films : elle est indéniablement une fan de ce cinéma engagé, filmé un peu comme elle écrit. Les Darden