Menu
Libération

Dai Sijie dans les tabous chinois

Article réservé aux abonnés
Il tourne au Vietnam une histoire d'homosexualité féminine inspirée d'un fait divers.
publié le 25 mai 2005 à 2h19

Ninh Binh envoyé spécial

Sur le tournage des Filles du botaniste chinois, les traducteurs sont les personnes les plus importantes. A la tête d'une équipe composée de Chinois, de Vietnamiens, de Français et de Québécois, le réalisateur de Sijie, Chinois installé en France, participe lui aussi à l'exercice. Lorsque l'ingénieur du son chinois veut qu'un figurant vietnamien pose son bol sur la table en faisant moins de bruit, il crie en chinois, Dai Sijie traduit en français et une interprète vietnamienne relaie la consigne à l'intéressé. «Et ça marche», s'amuse le réalisateur.

Dai Sijie est de retour au Vietnam pour un deuxième tournage, après Tang, le onzième en 1998. Un choix dicté à chaque fois par les mêmes raisons : les portes de sa Chine natale lui sont fermées pour y faire ses films. En 2001, dans les paysages montagneux du Hunan, il a pu y tourner Balzac et la petite tailleuse chinoise, adapté de son propre roman, mais une fois achevé, le film n'a pas passé le barrage de la censure. Et a dû se contenter du réseau des revendeurs de DVD pirates...

Cette fois, il n'a même pas été question d'autoriser le tournage : écrit par Dai Sijie et Nadine Perront, le scénario touche à un tabou de la société chinoise, l'homosexualité féminine. Si elle n'est plus réprimée et ne fait plus partie des «maladies mentales» depuis l'an 2000, l'homosexualité reste cachée en Chine. Le cinéaste a dû se rabattre sur le Vietnam, moins regardant sur le scénario dès lors qu'il s'agit d'une histoire...