La première chose qui frappe dans Sous la peau de la ville, c'est Téhéran. Le cinéma iranien a beau hanter les festivals du monde entier depuis quinze ans, on a l'impression ici d'entrer en ville pour la première fois. A contrario de la représentation traditionnelle, la Téhéran que Rakhshan Bani-Etemad donne à voir est urbaine, bruyante, sale, embouteillée, anarchique, vivante, informatisée. Des barres de béton, des rues, des cafés, des chaînes de restauration rapide, des gens qui travaillent dans des bureaux, dans des usines, qui se déplacent à moto, en taxi... Voilà tout un lot de signes d'une modernité brute de décoffrage, ayant poussé envers et contre tout, qui brusquent la curiosité. Envie d'imaginer qu'à l'intérieur des rainures de la ville, de sa soudaine géographie chaotique, pourraient s'immiscer d'autres modes de vie, alternatifs au bâton de la loi religieuse.
C'est l'horizon du film : choral, il laisse passer des morceaux du quotidien. Une mère fileuse en usine, un grand fils qui rêve de s'envoler vers le Japon réussir sa vie, un fils plus jeune, qui accumule les conneries, une fille fugueuse... Le scénario de Sous la peau de la ville a été longtemps bloqué, les autorisations de tourner n'étant jamais délivrées à temps. On sait désormais pourquoi. Sa réalisatrice s'est donc acharnée. Car faire un film clandestin, mais pour qu'il soit vu uniquement par des Occidentaux (comme cela arrive souvent), ne l'intéressait pas. La dernière réplique, «A qui montrez-vous donc c