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Igloolik, plateau taille inuit

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Dans le Grand Nord canadien, visite sur le tournage du deuxième film des Inuits Cohn et Kunuk, quatre ans après le choc «Atanarjuat».
publié le 1er juin 2005 à 2h25

Enfin parvenu au camp où ses amis inuit bâtissent un igloo, Mathiassen, l'archéologue danois, harassé et transi, s'assoit sans un mot sur un bloc de glace... qui cède bientôt sous son poids. Quelques rires fusent, et très vite, c'est un fou rire général qui secoue l'assemblée. Caméra à l'épaule, Norman Cohn filme la scène, avidement. Derrière lui, Zacharias Kunuk observe tranquillement, sourire et cigarette aux lèvres. Il est bientôt minuit et le plateau (deux igloos perdus sur la banquise) baigne dans une lumière bleutée ­ en ce début mai, à 300 kilomètres au nord du cercle polaire, le jour est permanent. Le qulliq (la lampe de pierre à l'huile de phoque), qui brûle dans l'igloo, sera le seul éclairage autorisé du tournage. La prise terminée, les acteurs, vêtus de leur costume en peaux de caribou, de phoque et d'ours polaire, montent sur leur motoneige, grimpent sur les kamutiks (longs traîneaux de bois), et regagnent Siuraajuk.

Morses congelés. C'est autour de ce camp, sur les bords de l'île de Baffin, à quelque 80 kilomètres d'Igloolik que se déroule la moitié des six semaines de tournage du Journal de Knud Rasmussen, second film des deux auteurs d'Atanarjuat, le film qui, en mai 2001 à Cannes (Caméra d'or), révéla au monde le cinéma inuit (1). Deux rangées de tentes vert olive, soigneusement alignées, trois petites cabanes de bois (pour les directeurs et la cuisine), quelques tonneaux d'essence rouillés servant de station-service, et au beau milieu des motoneiges et des k