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Libération

«Le Pont du roi Saint-Louis».

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par BAYON
publié le 1er juin 2005 à 2h25

Le Pont du roi Saint-Louis (The Bridge of San-Luis Rey) ne pèche pas par défaut d'ambition. Comme Vanity Fair récemment, en remontée de Mission d'Iguazú d'impressionnante mémoire, cette fresque royaliste de droit divin à Lima ne lésine pas sur les costumes, les extérieurs, les salons, la mystique ­ ni la distribution d'abord.

Qu'on en juge. Sommée par Robert De Niro, qui produit, joue et fait le joint (ou, pour ainsi dire, «le pont») entre le Mission susnommé (où il expiait) et le film du jour (où, prélat à mitre cafarde, il traque et châtie l'hérésie), la distribution pittoresque (Samuel Le Bihan et Géraldine Chaplin, Emilie Dequenne, Dominique Pinon ­ mais pas Depardieu...) et prestigieuse (Harvey Keitel, David Byrne) voit large.

Tout comme le filmage, qui transpose amplement, avec un décorum n'empêchant pas la rigueur mortifère, le contexte inquisitorial, tel que rendu par le Pulitzer 1927 de Thorton Wilder, que le bombardement islamique du 11 septembre avait réactualisé via le criminel d'Etat anglais Blair détournant ses dernières lignes, aujourd'hui celles du film.

Cela posé au crédit de cette évocation millénariste chamarrée, la «Controverse de Valladolid» andine qui en fait le fond (Dieu tout-puissant a-t-il un dessein quand il jette cinq passants dans un gouffre ?) reste non pertinente : un voisin quitte la séance, clairsemée dès première semaine, à mi-course. Sachant la divinité une idiotie, comme la pseudo-aristocratie son esclave, les deux faisant surperlativement la