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Libération
Critique

«Sommeil amer», morts de rire

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publié le 1er juin 2005 à 2h25

Ce fut un «tube» de festival en 2004 : Cannes (Caméra d'or), Thessalonique (Meilleur film), Genève (Prix de la critique), Mar del Plata (Prix du jury)... Pourtant, Sommeil amer a du mal à rentrer dans la case désormais établie des films iraniens pour festivals.

Il n'est pas spécialement ennuyeux ni même contemplatif (comme semble l'exiger le genre), il ne donne pas beaucoup d'informations sur son pays, il est assez moche à l'image (tout déformé qu'il est par une espèce de fish-eye déréglé sur lequel un malade mental a tenu bon de rajouter des filtres bleutés inusités depuis la sortie de Bagdad Café). Mais Sommeil amer est drôle. Si, si, drôle. D'un comique inattendu, distribué par touches, tout en observation, selon la règle d'or des sketches. On pourrait croire à un film italien des années 70, distribuant les claques par rafales : au jeu de massacre, il y en aura pour tout le monde. Comme tout est vrai, et bien vu, on pourrait aussi croire à un documentaire. Entre les deux, c'est donc un film laid mais étonnant.

Sur le papier, ça n'était pas spécialement gagné : le sommeil dont il est question dans le titre est le dernier d'entre tous, et le héros du film, Esfandiar, officie dans un cimetière en tant que laveur de morts (en Iran, selon le rite musulman, on nettoie les morts, on les enduit de camphre, et on les enveloppe dans un linceul : le croque-mort se fait donc laveur). Un soir, la peur lui vient : qui le lavera au moment de sa mort, quand Azraël, la grande Faucheuse, vie