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Libération
Critique

Un drôle de chantier

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Brigitte Roüan signe un retour fracassant avec «Travaux», une comédie énergique et politique.
publié le 1er juin 2005 à 2h25

Une avocate bon chic bon genre (Carole Bouquet, parfaite) confie à un architecte colombien, dont elle a obtenu le droit de rester en France, le soin de rénover son appartement haussmannien. L'architecte lui offre clés en main, avec ouvriers pas chers, au noir, un décloisonnement complet des lieux avec puits de lumière, escalier en colimaçon et tutti quanti. Comme on peut l'imaginer, la situation va rapidement dégénérer et transformer l'appartement en territoire de destruction. Brigitte Roüan n'avait plus tourné pour le cinéma depuis l'excellent Post Coïtum, animal triste en 1997. Travaux permet de retrouver intacte cette énergie qui lui est propre. Le choix de la comédie est toujours risqué et le genre est souvent une occasion pour le spectateur de rougir d'être français tant y apparaît à nu une certaine médiocrité locale indécrottable.

Euphorie. Ici pas (ou peu) de fard à piquer et pourtant Roüan n'y va pas de main morte comme mettre dans le même plan (et le même lit) Carole Bouquet et Jean-Pierre Castaldi, recruter Aldo Maccione, qui a triplé de volume, dans un rôle d'artiste-carreleur fondu de bel canto, inclure dans le feu de l'action la lutte des sans-papiers, faire rire aux dépens des immigrés, ici une chouette ribambelle de Colombiens en exil qui ponctue chaque nouveau dégât plus ou moins irréparable d'un «non tè preocupè, mame Chantal»... Le comique tient précisément dans le rapport entre l'énormité de la situation, avec ce combo d'ouvriers saccageurs et la multitude