Pékin de notre correspondant
Jia Zhang-ke attendait ce moment depuis longtemps : la sortie d'un de ses films sur les écrans chinois. L'an dernier, le chef de file de la nouvelle génération des cinéastes chinois s'était même laissé aller à dire que, s'il ne pouvait pas montrer son travail à son public national, il risquait de «perdre le goût de faire des films».
Débats. Début avril, finalement, Shi Jie (The World), son quatrième long métrage (mais le premier réalisé légalement), sortait en salles à Pékin. Le moment était important pour lui, mais aussi pour tout le cinéma indépendant, né dans l'underground, en marge de la production officielle, lourdement censuré, et auquel les autorités ont décidé d'entrouvrir les portes de la production et de la distribution légales. Avec lui, Wang Chao (Jour et nuit) et Wang Xiaoshuai (Shanghai Dreams, récent prix du Jury à Cannes) ont bénéficié de cette approche moins crispée, et ont tourné des films légaux. Une évolution qui fait débat parmi les cinéastes chinois.
A l'heure de la sortie en salles, les journalistes se bousculaient dans son petit bureau du nord de la capitale, le quartier du cinéma. Jia Zhang-ke revenait à peine du festival de Hongkong, avant de repartir pour un marathon de onze villes pour la promotion de son film. «Je suis impatient et inquiet à la fois», confiait-il.
Deux jours plus tard, première très glamour dans un cinéma de Pékin, avec défilé de stars, et, grande surprise, le discours du directeur du Bureau du film, le «