Une noria de croque-morts animés d'évidentes mauvaises intentions et dont l'inéluctable destin sera de succomber par douzaines sous les coups d'un héros. Depuis Matrix Reloaded ou Kill Bill 1, forcément, ça rappelle quelque chose. Neo/Keanu Reeves estourbissant une inondation de Mr. Smith, ou l'interminable baston, version Tarantino, dans laquelle The Bride/Uma Thurman tranchait dans la masse de yakuzas sapés comme des consultants de chez Accenture. Alors, quand, dès les premiers instants de Crazy Kung Fu, Stephen Chow sonne lui aussi la charge d'une armée de costards noirs, un gang des haches drôlement élégant avec queue de pie et haut-de-forme très Shanghai décadent d'avant-guerre , il faut se rendre à l'évidence : le réalisateur hongkongais, qui signe là sa première mise en scène à gros budget, est entré dans le moule de la démesure obligatoire pour un succès planétaire que tout Hollywood lui a prédit.
Ce n'est pas la seule similitude avec Tarantino (fan de Chow) et les frères Wachowski. Crazy Kung Fu est un film qui sonne comme l'addition des références de Stephen Chow, un remix moderne de sa vidéothèque intime. Le décor d'abord, un pâté de maisons gigantesque appelé la Porcherie qui, selon le réalisateur, a des faux airs de son enfance à Hongkong. «On avait l'impression de connaître tout le monde, de tout savoir sur ses voisins. Et puis on s'apercevait qu'en chacun d'eux il y avait une part de mystère.» C'est là le décor, théâtral et quasi unique, du film. Un groupe d