Slavoj Zizek, 56 ans, est un penseur tous azimuts. C'est l'acte même de penser qui le stimule, et ses objets d'études sont très divers, de la politique au droit, de la psyché au totalitarisme, du spirituel au cinéma (1). Psychanalyste (lacanien) et philosophe (deleuzien), il vit entre son pays d'origine, la Slovénie, et les Etats-Unis, dont les universités l'accueillent régulièrement. L'homme, autant que l'intelligence, a quelque chose d'imposant : immense, barbu, carrure à la Kubrick, un visage parcouru de tics, il lance en rafales un nombre incalculable d'idées et d'hypothèses. Certains de ses textes sur le cinéma d'Hitchcock, Lynch, Tarkovski ou Kieslowski, viennent d'être traduits en français.
Ni introduction, ni conclusion, votre essai tient entier dans la confrontation aux oeuvres...
Mon combat principal est la confrontation avec la théorie. Et il est heureux que la théorie naisse le plus souvent de la pratique des textes ou des films. Sinon, c'est du vide. L'épreuve de l'oeuvre est à la fois irréductible et terrible : c'est en comparant sa pensée aux films qu'elle théorise qu'on prend conscience de sa valeur. Et la première chose que j'aime dans ces essais sur le cinéma, c'est leur valeur d'autocritique. Deux tiers de ce qui est publié là n'est pas bon, car cela ne tient pas la comparaison avec les films d'Hitchcock ou de Lynch.
Quelle est votre méthode, que cherchez-vous dans ces films ?
Pour moi, tous ces films forment un univers de monstres d'où sortent des créatures q