Pawel Pawlikowski, 48 ans, présente en France son quatrième film de fiction, My Summer of Love, auréolé en Angleterre du titre de «meilleur film de l'année». Invité du festival de La Rochelle, on y verra bientôt l'ensemble d'une oeuvre qui compte aussi une demi-douzaine de documentaires. Formé à la BBC, Pawlikowski n'en est pas moins un pur produit polonais, émigré adolescent mais resté «complètement à l'Est».
«Je suis un hybride. Biographiquement, culturellement. J'ai grandi en Pologne, jusqu'à 14 ans, puis j'ai passé beaucoup de temps à être un étranger. En Allemagne, en Italie ; enfin je me suis fixé en Angleterre. Toujours en suivant mes parents, qui voyageaient, qui émigraient. Ce sont des êtres magnifiques, mais qui n'ont pas cessé de se bagarrer: ils proposaient une dramaturgie de la vie et un éloge constant du voyage. J'ai pris l'habitude de regarder la vie comme un spectacle, souvent absurde parce que je n'en comprenais pas les dialogues. On voulait me traduire, on voulait que je traduise. Mais non, laissons les choses sans traduction ! On peut toujours s'adapter, si l'on veut s'intégrer. Mon choix c'est au contraire l'inadaptation. Résister aux classifications: je trouve qu'il est plus intéressant de faire voir le mystère, le paradoxe, plutôt que de faire comprendre. Mieux vaut compliquer les choses que les simplifier.
Formé à la BBC.
«En Pologne déjà, j'aimais le cinéma. Je me sentais très seul, le monde ne m'aimait pas, il fallait se retrancher en soi pour survivre.