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Libération

Le Kirghizistan ne veut pas rester en plan

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Malgré le succès de la trilogie d'Aktan Abdykalykov, le cinéma local reste méconnu et démuni. D'où un SOS lancé à l'Europe.
publié le 22 juin 2005 à 2h42

Bichkek envoyée spéciale

Dans le petit bureau d'Oï-Art, l'une des rares pièces avec chauffage qui restent aux studios de cinéma du Kirghizistan, on parle de «marché stratégique» et on jongle en mots avec des «millions de dollars», promesses d'un avenir qui ne peut qu'être meilleur. Aux murs, des photos de villageois kirghizes, acteurs du dernier film d'Aktan Abdykalykov, le Singe, qui avait ému bon nombre de cinéphiles français à sa sortie en 2002. Autour d'une bouilloire de thé et d'une assiette de gaufrettes russes, Abdykalykov, son ami le metteur en scène Ernest Abdychaparov, et un jeune homme d'affaires local ont invité l'ambassadeur de France à Bichkek pour tenter de faire passer un SOS : «Le seul espoir du cinéma kirghize, c'est l'Europe.»

Depuis sa trilogie (la Balançoire, le Fils adoptif et le Singe) achevée en 2001, Abdykalykov est célébré en France ou en Allemagne comme un petit prodige des steppes, mais n'a plus tourné que des films publicitaires ou des documentaires. Dans le grand bâtiment désert de Kirghizfilm, où il s'est aménagé deux petites pièces pour ses propres studios, Oï-Art («la caravane de l'art»), le cinéaste assure qu'il est en «vacances créatives». Il s'est choisi un nouveau nom de famille, Aktan Arym Kubat (reprenant les prénoms de son père et de son père adoptif), écrit des scénarios et cherche des coproducteurs, pour lui et ses collègues. «Le problème, soupire-t-il, c'est que même si les 5 millions d'habitants du pays voulaient aller voir nos films