On tue les loups pour de vrai, mais au cinéma on les adore et on les admire, comme tous les autres animaux. Un rapide inventaire donne la vertigineuse mesure de cette infiltration de l'animal dans tous les genres du cinéma et dans tous ses états. Sur les brisées du documentaire animalier de prestige façon Peuple singe puis Migrateur, et toutes les productions de Jacques Perrin, nous arriveront bientôt Loup de Nicolas Vanier (tout entier sur la bête), puis les Animaux amoureux de Laurent Charbonnier (un Microcosmos des comportements sexuels).
Ils font suite à l'infinie ribambelle de blockbusters dont l'impact poétique et spectaculaire repose sur les bestiaires reconstitués, de Fourmiz à Nemo, de Dinosaures à Spirit. Il est devenu très prestigieux pour les acteurs d'ici de prêter leur voix au doublage de ces bestioles, comme le Madagascar du jour l'a souligné dans sa promo. Très zoophile aussi, la façade par laquelle un Annaud gravit le même problème : depuis l'Ours jusqu'à la pseudo-fiction des Deux Frères, il perpétue la tradition déjà vétuste de l'anthropomorphisme disneyen, dont Stuart Little est un autre rameau.
Glissons encore sur l'animal-symptôme ou incarnation de notre conscience reptilienne qui, voir Lemming, infiltre la fiction contemporaine et laissons de côté les collections de pornographie zoophile qui garnissent sex-shops et Net...
Il y a en partie, dans ce ravissement animalier, une pulsion contemplative un peu gnangnan, façon Terre vue du ciel appliquée à la faun