Menu
Libération

«Poupées russes».

Article réservé aux abonnés
par BAYON
publié le 22 juin 2005 à 2h42

Mariolle et inspiré, sur l'assez juste milieu du boulevard et du marivaudage, entre Scapin et Watteau, les Poupées russes est un bon divertissement printanier, agréablement pipeau et décousu.

Flanchant dans sa deuxième moitié, le film offre pour l'essentiel, spécialement son début, un meilleur du cinéma bonne franquette. Meilleur filmage (quoi que pense l'élite de ce genre filmosociologique facile), bon esprit, et meilleur acteur.

Romain Duris, puisque c'est de lui qu'il s'agit, est devenu, malgré un pli de bajoue gênant à droite de sa lippe, et malgré nous il faut le dire, la star locale indiscutable. Le plus tonique, séduisant, titi, velu, complet, mi-Guignol mi-Gnafron, belmondien, le plus intéressant. On ne l'avait même pas vu dans l'Auberge espagnole, que rembobinent ces Poupées russes à distance cinéphilique (en abyme : le film dans le film du film...) ; il déplaisait en Lupin indigne corps et âme de notre héros garçon de la Barre-y-Va; depuis De battre mon coeur s'est arrêté (copyright Lanzmann-Dutronc), arrière toute et respect total : on est mordu du cas.

Romain Duris est objectivement épatant, dans le registre égotiste aigre-doux du jour : godelureau tombeur un rien nullard, il est aussi juste qu'il l'était, flippé et stressant, dans le registre noir faf de De battre mon coeur... Tout ce qu'il fait est simplement et dûment fait, passe en souplesse, sans fausse note ­ un miracle, par ici.

La BO (electronica hop larguée) et les bancs-titres fractals pèsent; tout le rest