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Libération
Critique

Où l'Argentine bat de l'aile.

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Un film en colère qui évoque un crash aérien de 1999.
publié le 29 juin 2005 à 2h47

Il est en train de se passer avec le cinéma argentin ce qui s'est arrivé il y a quinze ans environ avec le cinéma iranien : une fois lancé, l'engouement cinéphile pour les deux ou trois noms vraiment importants qui ont fait souffler le vent nouveau (Pablo Trapero, Lucrecia Martel, Martin Rejtman), les distributeurs européens, comme les sélectionneurs de festivals, continuent de montrer la quasi-totalité de la production. Au-delà de la volonté de profiter d'un bon filon jusqu'à épuisement (soupçon largement paranoïaque, les films argentins ne font pas un rond en général !), il est hallucinant de constater que presque tous les films argentins montrés ces dernières années sont intéressants ­ quoi qu'ils vaillent sur le plan formel ­ parce qu'ils se posent une seule et identique question : celle de l'Argentine.

C'est le sujet malade de leur cinéma. Mais il est rare de voir le corps malade d'une nation influencer jusqu'à la forme des films eux-mêmes. Il ne s'agit pas d'accuser ouvertement tous les dysfonctionnements d'un système, mais de faire déteindre sur le film tout ce qui ne va pas dans la société, de le livrer à un corps malade. C'est ce qui continue, pour l'instant, de rendre le cinéma argentin très intimement politique et profondément atteint.

Whisky Romeo Zulu est fondé sur une histoire vraie : celle du crash, en 1999, d'un Boeing 737 de la Lapa Airlines, des mois après qu'un des pilotes s'est alarmé de l'état des avions sur lesquels il volait. Les rapports d'expertise fur