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Libération

Saint-Michel de file en fils.

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Claude Gérard défend la survie du cinéma créé par son grand oncle à Paris en 1912.
publié le 29 juin 2005 à 2h47

En veste de velours noir, debout sur le trottoir face à la fontaine Saint-Michel, Claude Gérard garde un oeil sur les files qui attendent devant les deux films à l'affiche. Djourou d'Olivier Zuchuat et Pour mémoire (la forge) de Jean-Daniel Pollet. Voilà près d'un siècle que la famille Gérard règne sur ce bout de pavés de la place Saint-Michel avec la salle créée par un grand-oncle en 1912. Le cinéma, devenu celui du grand-père Gaston, puis du père, Jean, fut l'héritage de Claude Gérard en 1986. Deux ans plus tard, la salle brûlait, victime d'incendiaires qui voulaient empêcher la projection de la Dernière Tentation du Christ de Martin Scorsese. En 1991, le Saint-Michel renaissait de ses cendres sous le nom d'Espace Saint-Michel.

Avant les circuits. «Un nom qui veut signifier qu'ici, en plus de la salle de cinéma, il y a un restaurant, un labo photo et un foyer», explique celui qui reste pourtant le directeur du Saint-Michel. La famille Gérard habite toujours au-dessus de la salle et Claude n'a que quelques marches à descendre pour apporter une ampoule à Anne-Marie, la patronne vietnamienne du restaurant, ou animer un débat. Et c'est ainsi depuis l'enfance.

Entre deux cours rue Saint-Jacques, il voit les films programmés par papa. Les westerns, les Tontons flingueurs, la Grande Vadrouille... «Tout, sauf les Tricheurs et le Diable au corps, précise-t-il. Je ne suis pas seulement passionné, je suis imprégné de cinéma.»

Son apprentissage cinématographique s'affine bientôt avec les