Marseille envoyé spécial
En 2003, le festival du documentaire de Marseille (FID), désormais temps fort de l'année cinéphile, montrait les neuf heures d'A l'ouest des rails de Wang Bing, qui recevait le grand prix international. Le jeune cinéaste chinois avait tourné seul, avec sa caméra numérique, puis monté, en dehors de tout système de production, une invraisemblable fresque sur les effets concrets dans une ville industrielle, sur ces habitants hébétés, de l'effondrement du communisme (Libération du 2 juillet 2003 et du 9 juin 2004). Pour beaucoup, A l'ouest des rails est une borne marquant l'entrée d'un territoire cinématographique entièrement neuf puisque dorénavant un type isolé, ne trouvant plus de travail, peut, sans équipe ni aide d'aucune sorte sinon l'apport de la technologie numérique et un entêtement de taupe creusant sa galerie , bâtir un Voyage au bout de la nuit chinois.
«Constellation de possibilités». Les films présentés cette année pour la 16e édition du FID s'inscrivent dans ce mouvement qui voit des individus s'affranchir aussi bien des règles anciennes de la production que des tables de la loi documentaire exigeant fidélité à un réel de toute façon depuis longtemps devenu introuvable. C'est Jean-Pierre Gorin, ex-compagnon de militance du Godard seventies (Vent d'Est, Letter to Jane...) installé aux Etats-Unis, qui, dans un entretien publié par le journal quotidien du festival, explique le mieux la mutation en cours. «L'instabilité fertile» créée pour le