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Libération

Excès de «box-offisme»

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publié le 6 juillet 2005 à 2h53

La religion du chiffre a depuis longtemps contaminé les discours, points de vue et digressions autour du cinéma. Quel que soit le sens qu'on leur accorde, les chiffres s'infiltrent par nos oreilles et nous sortent immanquablement de la bouche, de la plume ou du clavier. On se plaint souvent, en France, de cette tendance au «box-offisme» culturel généralisé dont nous devenons tous les experts dupés. Nous savons déjà presque tout de la rentrée littéraire en mondovision de Michel Houellebecq, par exemple, et l'on s'impatiente davantage de savoir s'il va échouer ou réussir à défoncer les records de Coelho ou Brown que de connaître la teneur de son livre. Mais, au moins, le succès n'est pas un critère systématique, il peut même jouer en défaveur d'un film ou de son auteur comme l'a montré le cas Jeunet et l'étrange retour de manivelle sur Amélie Poulain : au-delà d'une certaine limite, le succès du film l'a rendu suspect. Quel est donc le bon chiffre ? A partir de combien de millions y a-t-il indécence critique ?

Aux Etats-Unis, où l'on ne s'embarrasse pas de telles subtilités, le pli du box-office est pris depuis tellement longtemps par la profession que les chiffres conforment intégralement tous les raisonnements, y compris les plus bornés. Le dernier à en faire les frais est, surprise, Steven Spielberg, qui a longtemps été le totem même de cette religion. Les premiers bulletins hollywoodiens concernant War of the Worlds (la Guerre des Mondes) viennent de tomber et ne concernent