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Libération
Critique

Tati, terrain de jeu design.

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Trois sièges vus dans «Mon Oncle» reprennent vie alors que sort la version américaine.
publié le 6 juillet 2005 à 2h53

Monsieur Hulot, ahuri devant un petit canapé haricot, le basculant sur son flanc pour le transformer en chaise longue ondulée afin d'y roupiller... C'est une des scènes les plus connues de Mon Oncle de Jacques Tati. Et monsieur Arpel, beau-frère industriel de Hulot, se balançant avec contentement dans son rocking-chair jaune, ou cette voisine chapeautée qui, à l'invite de madame Arpel (la soeur fashion victim de Hulot), s'assied, mal à l'aise, sur deux longs boudins verts inconfortables. Si on a oublié ces meubles, il faut profiter de la restauration de Mon Oncle, qui sort dans sa version américaine inédite en France, pour se les remettre dans l'oeil. Ces trois sièges, on pourra bientôt les palper, réinventés par les fabricants-éditeurs Domeau & Pérès. Grâce à la volonté de Jérôme Deschamps (petit-neveu de Tati) et de Macha Makeïeff, qui, avec leur société les Films de Mon Oncle, s'entêtent à faire revivre Tati.

Monochrome. Dans Mon Oncle, deux mondes se regardent en chiens de faïence, séparés par un terrain vague : celui qui est finissant mais encore dominant dans les années 50, résidu de la banlieue-village d'avant-guerre, avec ses échoppes et ses gamins des rues, filmé dans une dominante sépia ; et le monde néomoderniste qui surgit, des HLM aux automobiles, représenté largement en monochrome gris. Cet univers clinique ultrafonctionnel est épinglé à travers la villa Arpel, une architecture et un design qui, en 1958, relèvent d'un futurisme rationaliste inhumain. Jacques Lag