"Je veux un écureuil !» C'est le caprice de Veruca, peste d'une dizaine d'années aux grands yeux bleus, lorsqu'elle entre dans la salle du tri des noisettes. Et l'une des plus belles séquences de Charlie et la chocolaterie, l'adaptation par Tim Burton du roman fétiche de Roald Dahl. La fillette s'approche d'un écureuil, parmi les centaines qui s'activent à ouvrir les noix, et s'en saisit. Mais rien dans ce film ne se passe comme le désirent les enfants gâtés : allongée et écartelée par des dizaines de rongeurs furieux, Veruca est évacuée fissa, son père avec, vers un vide-ordures géant.
On craignait un film gnangnan et sa bande-annonce faisait redouter le pire. Or le douzième opus de Tim Burton est tout le contraire. Outre une somme de ses inventions visuelles et poétiques, il s'agit d'un manifeste qui dit la déprime profonde d'un homme face à ce que le monde a fait de ses enfants. Dans un contexte où la tête blonde est une reine virant au despote absolu en toute impunité, voilà un film hollywoodien qui s'en prend à l'éducation et ses travers. «Mais des enfants horribles, il y en a plein !, assène un Tim Burton en forme n'était-ce une allergie tenace à l'été. Trop d'informations, trop d'images, trop d'amour, trop de cadeaux, trop de bouffe, trop de performances: sans cesse, nous soumettons les enfants à cette surenchère. C'est à la fois une démission et du cynisme, une manière de les gâter et d'avoir la paix.»
«Une émotion tangible».
Arraché aux occupations de la paternité (u