"12 mai 1976. Saint-Etienne perd en finale de la Coupe des clubs champions. Au collège, on est dégoûtés : plus envie de rien.

18 novembre 1980. Le prof d'espagnol nous fait travailler sur un texte qui montre comment la grande équipe du Real Madrid a servi la dictature de Franco. J'aime toujours le football mais je commence à me méfier.

10 mai 1981. A 17 ans, je ne peux pas voter. Tout neuf en politique, je n'attends pas de grandes choses de Mitterrand, mais je suis content quand même.

8 juillet 1982. L'équipe de France perd en demi-finale de la Coupe du monde. J'ai les boules et puis je me dis que tant qu'on perd, ma foi, c'est peut-être pas si mal. Une vague intuition comme ça.

Noël 1989. Je vais à Berlin voir la chute du Mur de près. Je ne crois toujours pas à la fin des utopies et encore moins à la fin de la lutte des classes. Je reste au Parti communiste français (j'ai adhéré en 1985).

Décembre 1995. Mon premier grand mouvement social. On est plein dans la rue mais je ne sais pas quoi faire. J'arrête un peu la politique.

12 juillet 1998. L'équipe de France gagne la Coupe du monde. D'abord, je suis bien content, et après je sens que c'est pas bon ce qui nous arrive. J'avais raison de me méfier du football.

1999. Reprends le vélo.

30 mai 2001. Je dis à ma mère que je suis homosexuel. J'ai 35 ans, ça fait tard, mais si vous croyez que c'est facile...

Juin 2001. Je reprends ma carte au Parti communiste.

11 septembre 2001. Je scotche la journée entière sur les images des Boeing défonça