La nomination de Patrick de Carolis à la tête de France Télévisions n'a pas suscité autant de commentaires qu'on pouvait l'imaginer. Le poste est cependant éminemment stratégique. Son influence dépasse la sphère des médias et ses pouvoirs lui confèrent une faculté politique et culturelle aussi passionnante que redoutable: modeler l'image qu'un pays se fait de lui-même à travers sa vitrine télé nationale.
De quelque bord qu'il soit, un président de France Télévisions est par vocation amené à accomplir ce travail en partie idéologique. Les fictions du service public cherchent souvent à démontrer le supplément d'âme d'un engagement social, d'une ouverture aux moeurs plus volontaristes que sur TF1, par exemple. On pourrait dire la même chose du contenu pédagogique des programmes jeunesse, des émissions culturelles et même des jeux, toujours moins abruptement «Veau d'or» que chez le voisin.
Depuis qu'il avait quitté M6 pour France 3, Carolis avait parfaitement surfé sur ce système de valeurs aux exigences contradictoires. Son émission phare Des racines et des ailes, dont le titre est toute une doctrine, incarne déjà une forme d'idéal culturel: traitement léger d'un in flight magazine pour la forme (la cité de Carcassonne en majesté), lourd socle de valeurs pour le fond (tradition, modernité et bla-bla-bla).
Si la présidence de France Télévisions nous intéresse, c'est parce que son influence déborde du cadre des petites lucarnes. En France, la télé est le premier pipeline financier d