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Libération
Critique

La Castille au bord d'Homère.

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publié le 20 juillet 2005 à 3h02

Mercedes Alvarez est née il y a quarante ans dans le village d'Aldealseñor, au coeur de la province espagnole de Soria, en Castille. C'est l'un des coins les plus désolés de la péninsule, vidé par l'exode rural massif des dernières décennies. Mercedes est la dernière enfant à y être née, et aujourd'hui quatorze personnes y vivent. La jeune cinéaste, qui a quitté ce village à 3 ans, y est revenue : Le ciel tourne est l'histoire de ce retour. Film simple dans sa forme (un documentaire) et sophistiqué dans sa construction (liant personnages, paysages, histoires en cercles concentriques, comme si l'on regardait frontalement le phénomène de la mémoire).

Mémoires. Prenant la forme d'un portrait collectif filmé sur quatre saisons, Le ciel tourne cherche à inscrire une communauté de personnage dans ses travaux, ses discussions, ses paysages... Les plans trouvent enfin leur temps, les mots leur justesse : on se prend de passion pour la destinée de ce village perdu, à aimer ses habitants, à prendre parti pour leurs combats et à habiter leurs désirs. Promenades, jardinage, rites de table, on fait tout avec eux, et surtout s'installer sur les bancs pour discuter et écouter. Les mémoires de ces villageois, mêlées à celle de la famille de la cinéaste, remontent peu à peu, par fragments, à la surface du film, avec ce sentiment parfois drôle, même euphorique, mais surtout mélancolique, que la vie mérite d'être vécue et qu'il faut s'y accrocher, même si tout fout le camp et que le monde vers