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Libération
Interview

Mercedes Alvarez, un «je» atypique.

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La cinéaste, couverte de prix, revient sur un an de tournage dans son village natal.
publié le 20 juillet 2005 à 3h02

C'est un petit bout de femme encore étonnée de ce qui lui arrive. Le ciel tourne, le film que Mercedes Alvarez a tourné dans son village natal, a fait le tour du monde des festivals et gagné des prix, de Rotterdam à Buenos Aires. Pour un film produit dans le cadre d'une classe de maîtrise de l'université Pompeu Fabra de Barcelone, c'est une aventure. D'autant qu'à l'origine il s'agissait de tourner cette chronique de la disparition d'un village (quatorze habitants aujourd'hui), en deux ou trois mois. Il en aura fallu douze, une année entière. «J'ai joui d'une liberté rare aujourd'hui dans le cinéma, même documentaire...»

Pendant l'année 2003, la cinéaste s'est laissée envahir par cet environnement secret et l'esprit particulier des habitants d'Aldealseñor. «Ils professent un scepticisme et un fatalisme austère.» L'Histoire est souvent passée dans ces parages. On y trouve aussi bien les ruines de Numance, antique cité ibérique, que les souvenirs de la sanglante guerre civile. Ce sont ces traces que la cinéaste a portées à l'écran. Dans leur réalité physique et à travers ce que disent et pensent les autochtones.

Intime. Se faire accepter par ces vieillards peu bavards a été une gageure. Même si être née dans le village l'a aidée. «Je devais être capable de rendre sur l'écran l'intimité de ces gens, qui sont un peu comme mes parents ; il me fallait les convaincre d'une façon ou une autre de se confier.»

Les premiers jours, les villageois ont été étonnés de voir débarquer une équip