Nous republions un portrait, paru en 2005, du réalisateur Michael Cimino, dont on a appris le décès dans la nuit de samedi à dimanche.
Une marguerite s'effeuille ainsi sur Hollywood Boulevard : être célèbre, être une légende, être un mythe. «Et ensuite éventuellement un spectre», ajoute notre homme. Brando, dit-il, est un spectre. De lui, Cimino, on dit qu'il est un mythe. Son nom se prononce Cha-mee-No, il fait le bruit du barillet d'un flingue au supplice de la roulette russe, mais s'estompe doucement, n'étant plus alimenté que par le souvenir. 1978. Son Voyage au bout de l'enfer le mène sur l'Olympe aux oscars. 1980. A la Porte du paradis, l'épopée tourne à l'échec, il s'effondre. Il serait plutôt une ombre.
Sa carcasse frêle et chancelante d'1,65 m s'abrite sous un chapeau de cow-boy. Ses yeux se planquent derrière des lunettes noires. Sa peau cireuse ne laisse rien voir de son âge. Ses mains ont les articulations enflées, brisées naguère par des combats de catch et des séances d'haltérophilie. Sa voix enrouée, encombrée d'une toux sèche, est aimable, généreuse de mots plus que d'informations, mais s'agace du vieux procès en mégalomanie qui le carbonisa voilà vingt ans. «Qu'en pensez-vous, est-ce que j'ai l'air d'un mégalomane ? Dites-le moi si vous le pensez !»
Il fut en tout cas l'enfant acharné d'un Hollywood fou, cocaïné et hors normes. Il fit repein