Toutes les semaines, le listing des reprises estivales à l'attention du cinéphile de fond en manque de révision du patrimoine.
Satyricon de Fellini (1969), qui n'a pas très bonne réputation dans la filmographie du monstre de Rimini, est un film à réévaluer, où l'on retrouve Alain Cuny en empereur dégénéré et Lucia Bosè en patricienne intraitable. D'après le roman de Pétrone, le maestro a composé un labyrinthe de races, de langues, de corps, traversé par le bel Encolpe, poète éphèbe, qui passe de ses virées nocturnes aux orgies les plus cramoisies. Il croise hermaphrodites et figures mielleuses, rapt, navire en détresse, villa déserte, suicide, pour une vie 100 % charnelle et lyrique. Une saga des corps aux antipodes de la reconstitution historique : c'est à la fantasmagorie que vise Fellini dans cette dérive imaginaire et aristocratique. Et il n'atteint rien moins que la décomposition d'une culture : le Satyricon est à redécouvrir car il illustre la face profondément mélancolique, voire dépressive, de la planète fellinienne, bien davantage que sa prestance festive.
Conversation secrète de Francis Ford Coppola est une autre de ces perles enfouies, malgré une palme d'or cannoise en 1974, avec un Gene Hackman à la présence minérale impressionnante. Le personnage central, Harry Caul, spécialiste discret et bougon des captures sonores clandestines, croit discerner un complot majeur dans l'anodin d'une prise de son effectuée en planque sur une place new-yorkaise. Plus on avance dans