Per Fly se situe dans une tendance néoréaliste nordique découlant du fameux dogme édicté par Lars von Trier et consort en 1995. The Bench et Inheritance, deux premiers volets d'une trilogie danoise commencée en 2000, se veulent une réflexion sur les trois classes sociales : populaire, moyenne et bourgeoise.
The Bench, premier opus, accompagne un quinquagénaire solitaire, Kaj, alcoolique, au chômage, vivant dans une cité HLM. Il n'a pas vu sa fille depuis dix-neuf ans lorsqu'elle emménage par hasard dans l'immeuble d'en face, avec son fils, pour échapper à un mari brutal. A travers Kaj, c'est la vie d'un quartier populaire qui est dépeinte, avec ses individus, leurs crises et leurs différences.
Inheritance, le deuxième film, décrit les affres de la grande bourgeoisie. Christoffer (Ulrich Thomsen), patron épanoui de deux restaurants à Stockholm, marié à une actrice en vogue, est le fils d'un magnat danois. Lorsque son père meurt, sa mère, cupide et dominatrice, le contraint à reprendre la tête de l'usine. La bourgeoisie est ici montrée comme un monde où tout s'achète et où les sentiments, marque de faiblesse non monnayable, ne peuvent avoir cours. Des coulées de métal en fusion, d'une inquiétante étrangeté, poétisent la tonalité du film.
Caméra à l'épaule, Per Fly compose un cinéma de l'âme et des corps tuméfiés, qu'un monde hostile à la nature humaine submerge. De dialogues décalés en affrontements passionnels, la mise en scène, intime, vivante et ponctuée de plans décadrés, pro