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Libération

Buster Keaton, profession de fou.

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«Le Cameraman» est une réflexion profonde et ébouriffante sur l'art de filmer.
publié le 24 août 2005 à 3h23

Toutes les semaines, le listing des reprises estivales à l'attention du cinéphile de fond en manque de révision du patrimoine.

Le Cameraman (1928) est le triomphe du génie de Buster Keaton. Qui peut rivaliser avec sa manière de courir comme un fou, raide, indifférent au danger, à travers les rues de New York ? Qui peut se baigner comme lui en perdant son maillot ? Comme toujours, il commence par être le benêt qu'on moque, ici Luke Shannon, photographe de rue, apprenti reporter d'actualités filmées, rejeté par la MGM. C'est la «serpillière humaine», ainsi qu'il se définissait : tout le monde s'essuie les pieds sur sa gueule. Sauf la jeune première romantique, Sally, secrétaire qui tombe sous son charme maladroit. Pourvu d'un ouistiti gaffeur, c'est ce même Luke qui donne, mine de rien, l'une des plus belles leçons de mise en scène jamais vues, lors du filmage de la guerre des gangs à Chinatown. Cette séquence est un manifeste de son art cinématographique. Devant les spectateurs, Keaton apprend en même temps qu'il démontre : diriger une scène, filmer à la grue, modifier l'apparence d'un personnage... Le burlesque le plus ébouriffant devient une réflexion profonde sur l'art de l'auteur de films.

Mademoiselle Gagne-Tout de George Cukor (1952) n'est pas loin non plus, sous des dehors légers, d'être un manifeste. La démonstration que le cinéma est fait pour filmer des corps dans l'espace, doublés des amours tumultueux mais complices de Spencer Tracy et Katharine Hepburn. Sur ce seco