Ils ont respectivement 39 et 40 ans. Arnaud et Jean-Marie Larrieu sont frères (premier miracle), natifs de Lourdes (second miracle) et cinéastes (amen). Echange, courtois et anisé, il y a une semaine, dans un Paris vidé redevenu gros village. Ils répondent à l'unisson, même si Jean-Marie reste le plus prolixe et Arnaud le plus mystérieux.
Le titre (sublime) ?
On aurait pu l'appeler Faire le jardin ou faire l'amour, Jouer aux boules ou faire l'amour, on n'y a pas pensé à vrai dire. Dans le film, il n'y a aucune parole sur le sexe. Ils font l'amour sans en parler. Ils le font les yeux fermés. C'est pourquoi ce sont plutôt à notre avis des pré-échangistes. C'est un peu comme les peintres rupestres, les résultats existent mais il n'y a pas la conscience nette de la chose. Ça reste à inventer...
L'aveugle ?
Au départ, c'était un Antillais. Agrégé de philo. Avec un verbe très élaboré, séducteur patenté, d'un certain âge. Un théoricien sensuel, on cherchait dans cette direction-là. Puis on a rencontré Mathieu Carta, le directeur du festival de Lama (Corse). Le couple qu'il forme avec sa femme, qui lui décrit les choses, ça nous est apparu comme romanesque. Au même moment, en pleine écriture du scénario, on tombait sur cette phrase de Nicolas de Stael : «Les choses ou les objets sont dans la nuit comme dans leur propre étendue.» Le choix s'est fait comme ça : ce serait un aveugle. Qui très vite nous a imposé son point de vue aveugle, sensuel, imprévisible. Borges, qui en savait long sur