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Libération
Critique

Chienne de vie

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«Bombón le chien», comédie acidulée de l'Argentin Carlos Sorín, raconte comment un dogue de concours change la vie d'un chômeur.
publié le 31 août 2005 à 3h28

Un chômeur qui hérite d'un chien trop gros pour lui... On voit très bien le genre de film comique que Disney pourrait tirer d'un tel argument; ça n'a rien à voir avec ce qu'en fait Carlos Sorín, cinéaste argentin à l'humour tendre mais sérieusement différent, (re)découvert en 2002 avec Historias mínimas, un film déjà dédié aux petites gens de la Patagonie. Un coup d'oeil à l'affiche suffit pour comprendre que le chien-titre se prête mal aux fantaisies en peluche.

Bombón est un dogue qui fait peur. Juan Villegas son maître (théorique), un quinquagénaire doux et timide. Chômeur, réduit à coucher chez sa fille, il vit d'expédients, sans grand-chose à opposer à l'adversité que sa silencieuse bonne volonté et la conduite du seul bien qui lui reste : une vieille voiture.

Un jour, il se fait refiler ce chien dispendieux en guise de paiement par une riche veuve. Parce que Juan ne sait pas dire non. Peut-être aussi par une sorte de fascination enfantine devant cette animalité qui le dépasse. Tel le cadeau d'un rêve inaccessible. Moyennant quoi il est expulsé par sa fille et se retrouve sur les routes avec, pour tout viatique, un mince rouleau de billets dont l'amenuisement discret serrera le coeur du spectateur durant le reste du film.

Chance fragile. Bombón l'indésirable, chien de race sans collier ni nom, que Juan n'ose même pas baptiser de sa propre autorité et encore moins toucher, va pourtant lui ouvrir les portes d'un autre monde : celui des amateurs et éleveurs de chiens. Repéré