Dahlia (Jennifer Connelly), jeune femme en instance de divorce, bataille en solitaire, dans l'âpreté new-yorkaise, pour conserver la garde de sa fille. Face aux avocats de son mari, il lui faut attester la possession d'un job alimentaire et d'un logement décent, qu'elle parvient à dégoter sous la forme d'un appartement, vétuste mais proche d'une bonne maternelle, à Roosevelt Island, enclave insulaire déjetée de Manhattan. Sous la pluie continue, le bâtiment suinte pourtant une humidité et une angoisse envahissantes. Embarquement pour une traversée horrifique aux couleurs sournoisement contemporaines...
Sérail. Nul doute, ce Dark Water américain est bien le remake du cultissime Dark Water japonais de Hideo Nakata (sorti en 2003). Enième avatar, donc, de l'usine à recycler hollywoodienne, mais bizarrement confié à un réalisateur fort étranger au sérail, Walter Salles, l'auteur brésilien de Carnets de voyage ou de Central do Brasil. Et plutôt très réussi.
L'adaptation américaine (due au scénariste Rafael Yglesias) change la couleur du film, troquant les gris doux de la bruine japonaise pour les ruissellements verdâtres d'une cité brutale. Le conformisme sécuritaire, secrètement asphyxiant, de l'arrière-fond nippon fait place à l'irruption d'une minéralité urbaine contondante. L'architecture dure de Roosevelt Island pèse de tous ses angles, accompagnant le développement des personnages secondaires, tous marqués par la sociologie malade et paranoïaque de la ville : employeuse désab