Le 24 juillet 1971 à 9 heures du matin, les carabiniers perquisitionneront l'appartement romain d'Anna-Maria, l'amie de Clémenti. Ils y trouveront du haschisch et de la cocaïne en très petite quantité. Clémenti et sa compagne sont emprisonnés. Lui restera dix-huit mois en prison, avant d'être acquitté (il a obtenu un non-lieu en appel, après avoir été tout d'abord condamné à deux ans de réclusion). Dix-huit mois, dont cinq à Rebibbia le Fleury-Mérogis romain, la prison modèle italienne des années 70 , puis treize à Regina Coeli, «la prison du petit peuple de Rome», une taule dure, soumise à une censure totale, où l'on ne travaille pas, où peu de détenus trouvent le courage d'étudier, où les rapports avec l'administration sont tendus à l'extrême, jusqu'à la mutinerie.
C'est à Regina Coeli que Pierre Clémenti s'enfermera dans un isolement absolu, refusant d'être visité, de parler, de lire, de s'alimenter. C'est depuis Regina Coeli qu'il a écrit ces Quelques Messages personnels que les éditions Folio viennent de publier. Ce livre, si personnel, était introuvable depuis longtemps. Il fallait aller à la BN pour espérer feuilleter l'édition originale parue en 1973 aux éditions SEF Philippe Daudy. Pouvoir le lire aujourd'hui, dans une édition de poche, est aussi inespéré qu'urgent. Les lettres à soi-même de Pierre Clémenti prisonnier ressemblent à Pierre Clémenti acteur : elles ont quelque chose de brûlé, elles possèdent une beauté christique, elles disent à vif l'incandescence m