La situation du cinéma d'auteur français se dégrade-t-elle ? Le festival Jamais trop tard pour bien voir, dont la première édition démarre aujourd'hui en province (Cherbourg, Fécamp...) avant de venir à Paris mercredi prochain, oblige à se poser la question en montrant une dizaine de films (Dancing, Tiresia, le Monde vivant, Illumination, Pas de repos pour les braves...) victimes d'un durcissement du marché.
Zapping. Certains facteurs indiquent qu'il y a malaise et incertitudes dans la profession. A cela, plusieurs raisons. D'abord, le système des aides du Centre national du cinéma (CNC) a permis de hisser la France à un niveau constant de production de films qui dépasse les 200 longs métrages par an (contre 170 sorties américaines dans le même temps). L'accroissement du nombre de films diffusés a entraîné une accélération de la rotation en salles que la logique zappante des multiplexes a encore speedée un peu plus. Le cycle de vie du film n'excède désormais qu'exceptionnellement les trois semaines (si c'est un succès !) et on sait dès la première séance du mercredi à 14 heures quel sera son destin. Il y a une sorte de fatum économique qui juge et détruit les films à l'aune de leur rentabilité immédiate et qui a complètement disqualifié le vieux credo du bouche à oreille. L'observatoire de la diffusion et de la fréquentation cinématographique du CNC a par ailleurs signalé en juin une baisse de l'exposition des films art et essai de 8,9 % au sein d'une exposition globale en ha