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Libération
Critique

L'Amérique toutes fractures ouvertes.

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Grand prix à Deauville, «Collision» de Paul Haggis figure un Los Angeles qui implose de frustration et de paranoïa.
publié le 14 septembre 2005 à 3h41

Bien qu'intensivement «fictionné», il est curieux de constater à quel point, symétrique, Collision emplafonne l'infamante actualité américaine du moment. Californie-Louisiane, même constat, le pays est patraque et, pour qui veut bien regarder la réalité en face, le diagnostic n'est pas très difficile à établir : les Etats-Unis souffrent de fractures multiples, raciale, économique, sociale... Partout, des gens crèvent faute de solidarité, de compassion. Au lieu de quoi l'indifférence, la méfiance, voire la haine, s'imposent, à mesure que les préjugés continuer à proliférer sur fond de 11 septembre imprescriptible ­ la première scène du film y fait explicitement allusion.

Scénariste de Million Dollar Baby, qu'il faillit diriger, avant de s'effacer au dernier moment derrière la figure patriarcale de Clint Eastwood, Paul Haggis assure là sa première réalisation. Celle, «politique», qu'il n'aurait pas voulu lâcher, après tant d'années passées à prospérer dans l'ombre, pendant trente ans, comme scénariste-réalisateur producteur de télévision (dont des épisodes de La croisière s'amuse en 1977 !).

Vécu. Courtisé sur le tard, Haggis se retrouve donc dans le vent, la cinquantaine passée, avec une Collision (Crash en VO) dont la gestation renvoie à une expérience vécue. Un de ces faits divers si «anodins» qu'aucun journal n'en voudrait dans ses colonnes, mais qui, cependant, laisse des séquelles. Un jour, Paul Haggis, qui sort du vidéoclub, se fait agresser et voler sa voiture sous la me