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Libération

Mes dates clés, par Saleem Hiner.

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publié le 14 septembre 2005 à 3h40

"1967. Mon premier souvenir, à 4 ans, est l'arrivée des escadrons du gouvernement dans notre quartier d'Akré, au Kurdistan irakien. Les miliciens armés ont fait irruption dans la maison, nous accusant d'être des amis du général Barzani. En quelques minutes, ils ont tué sept personnes du quartier, dont un de mes cousins. Quand ils sont partis, on a fui, c'était ma première sortie hors d'Akré, premier exode. On s'est cachés dans les grottes du bord du Tigre, contrôlées par la résistance kurde. C'est là que j'ai appris à nager, en sortant entre les passages des avions de chasse irakiens, des Molotov soviétiques. On ramassait dans l'eau les cadavres de poissons déchiquetés par les bombes. Pour manger, on avait besoin des bombardements !

11 mars 1970. Accord pour l'autonomie du Kurdistan, négocié par les deux récents putschistes, Saddam Hussein et Ahmed Hassan al-Bakir, avec Mustapha Barzani. C'est la fête, fanfares et balles de joie tirées par de vieux Brno, le fusil tchèque des combattants kurdes. On est rentrés chez nous à Akré, la maison était détruite mais on a été accueillis comme des princes.

1973. 10 ans, premiers souvenirs de cinéma, premières lectures marquantes. Mon père revenait à la maison avec des classiques kurdes illustrés : des montagnes superbes et des femmes de toutes les couleurs, avec des beaux seins. J'étais bouleversé, j'ai toujours voulu faire ça : les couleurs et la poésie en même temps. Un de mes oncles, ingénieur dans le pétrole, est revenu vivre chez nou