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Libération

Jean-Claude Guiguet, en Diagonale

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publié le 21 septembre 2005 à 3h46

Jean-Claude Guiguet aurait préféré que l'on fête sa présence au lieu de saluer sa mémoire. Mais le silence oblige: sa disparition rappelle l'injustice qui a poursuivi sa vie d'artiste, trop discrète pour que l'on ne tente pas de suspendre ce mauvais sort.

Au-delà des chagrins personnels, sa mort devrait pourtant nous importer à tous : elle scelle une grande et belle histoire du cinéma français. Ce n'est pas son histoire officielle mais ce n'est pas non plus une histoire marginale ni parallèle ou secondaire. C'est une histoire Diagonale.

Il y a un peu plus de vingt-cinq ans, le cinéaste Paul Vecchiali créait sous ce nom une société de grandes ambitions et d'authentique humilité. Il y abrita de jeunes cinéastes débutants dans une ambiance de coopérative tuyau-de-poêle (je fais ton assistant, tu seras mon perchman), leur donnant accès à la production et à la distribution de leurs premiers films aussi bien qu'à son carnet d'adresses, bien fourni en actrices expertes. Dans l'indécision du paysage post-Nouvelle Vague, Diagonale a représenté une hypothèse enchantée : sans vouloir faire absolument se ressembler des énergumènes fort disparates, on peut avancer que s'y pratiquait une manière commune de dédramatiser le statut de l'auteur. L'esprit Diagonale, sans être une école, peut se voir comme une façon moins complexée d'aborder la modernité et ses contradictions. De tourner sur le vif et avec les moyens du bord. Et de ne jamais céder aux poses de l'artiste tourmenté ou frivole, ou m