Toi peut-être, moi sûrement pas, mais tous les autres personnages du film de Miranda July tiennent largement dans le cadre restreint d'une frise photographique, reproduite sur le recto d'un carton d'invitation. Ils sont onze, pas même une Cène. Peut-être parce qu'il n'y a ni Jésus ni Judas, même si tout finit par un baiser.
Apparaît d'abord Christine, cliché de jeune artiste multimédia en mal d'expositions (interprétée par la réalisatrice) : elle exerce également comme chauffeuse de taxi pour personnes du troisième âge. Il y a son client privilégié, qui nourrit les fictions artistiques de sa conductrice. Il y a Richard (John Hawkes), vendeur de chaussures dont Christine tombe raide, qui a la main bandée pour cause d'immolation réussie (et de tour de magie raté), infligée lors d'un tout récent divorce. Il y a l'ex-femme (black) de celui-ci et leurs deux garçons, légèrement autistes du fait de la situation : l'astucieux Robby, 7 ans et Peter, 14 ans, le plus gourde des deux, sans doute parce qu'il vit dans ce nuage hypnotique de lenteur et d'abrutissement qu'est le passage de la puberté. Il y a la gamine des voisins, fée du shopping électroménager ; la directrice de centre d'art contemporain un chouïa caricaturale ; le collègue marchand de pompes et les deux teenagers femelles qui zonent devant chez lui sur le chemin de l'école. C'est tout.
Dans cette palette typologique d'environ 7 à 77 ans, l'attention portée à chacun, dans sa singularité, semble déhiérarchisée. Ce sentiment d