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Libération
Critique

Mains froides, coeur chaud

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Anne Fontaine («Nettoyage à sec») réussit à glisser d'une histoire d'amour naissante au thriller intime.
publié le 21 septembre 2005 à 3h46

N'aurait-elle qu'une chose à traquer, ce serait l'irruption d'Eros et de Thanatos dans des vies ordinaires. D'ailleurs, Anne Fontaine ne croit pas à un ordinaire qui n'appelle pas le dérèglement. Nettoyage à sec (1987), qui fit sa réputation, charriait encore des affèteries de représentation et les teinturiers joués par Berling et Miou-Miou débordaient de leur costume de monsieur et madame Tout-le-Monde. Entre ses mains trouve en revanche son point d'accomplissement optimal grâce à son casting et à la conviction d'une cinéaste qui ne renonce pas à sa vision, aussi casse-gueule soit-elle.

Isabelle Carré ­ en agent d'assurances chargée du dédommagement des sinistres, levant un museau d'une humilité infernale derrière de petites lunettes ­ et Benoît Poelvoorde ­ en véto mal dans sa peau qui tente de la séduire avec un humour à deux balles ­ forment le premier couple troublant du cinéma français depuis un bail. Une histoire d'aimants plus que d'amants, obéissant à une loi de complémentarité que le film n'analyse pas, s'en tenant aux variations subreptices d'un dialogue entre ombre et lumière, celles d'un homme au fond du gouffre et d'une femme se diluant dans l'éclat aveuglant de son insignifiance. Chat et souris, puisque Claire s'entretient dans la peur vertigineuse que Laurent est le «tueur de femmes» dont parlent les gazettes lilloises en cette période de Noël. Trouvant toujours de maigres indices pour se rassurer, la jeune femme, mariée et mère d'une fillette, poursuit sa cou