A 31 ans, Miranda July, avec ses boucles brunes et ses grands yeux écarquillés de fausse naïve, n'est vraiment pas une bleue. Derrière son premier film de fiction primé depuis Sundance jusqu'à Cannes (Caméra d'or) se dissimulent en effet «quinze ans d'activités dans toutes sortes de médias» , un activisme artistique multipiste et multicarte parfois comparé aux débuts de Laurie Anderson : performances, nouvelles, théâtre radiophonique, pièces sonores, CD parlés pour le label Kill Rock Stars, courts-métrages, projets et sites pour le Net et deux participations d'affilée à la célèbre Biennale artistique du Whitney Museum (2002 et 2004), entre autres.
Filles énervées de Portland. Native de Berkeley, fille révoltée d'écrivains-éditeurs, ayant plaqué des études de cinéma à l'université de Santa Cruz, Miranda July fut l'une des soeurs de lance, en 1995, de la scène des filles énervées et débrouillardes de Portland (Oregon), dont sont également issues les punk-rockeuses du groupe Sleater Kinney. Un an plus tard, elle faisait son premier court-métrage, Atlanta, l'histoire d'une nageuse championne de 12 ans et de sa mère abusive, où elle jouait les deux rôles. Un peu comme au début de Moi, toi..., où une jeune artiste, qu'elle interprète également, fait un numéro de ventriloque au micro, s'attribuant toutes les voix accompagnant sa vidéo. Dans ses performances, le jeu entre sa présence réelle sur scène et la fiction (est-ce un film? est-ce une ombre chinoise?) qui s'opère sur un écran